L’innovation et l’incubation: les partenaires de Transformation
Près de 70 des 100 premières entités économiques mondiales sont des entreprises. Alors que les entreprises africaines ne font pas parmi des 100 premières, le secteur privé ici contrôle toujours les ressources, fournit des emplois et renforce la classe moyenne. Ainsi, il devrait être considéré comme un partenaire important dans les activités visant à créer une société plus forte et plus résiliente pour relever les défis sociaux.
L'échelle, l'efficacité, l'innovation et l'incubation sont des points de départs qui permettent à la société civile et au secteur privé d’élaborer, avec les communautés, des interventions créatrices de nouvelles opportunités. L'engagement doit être focalisé sur la cocréation afin d’être significatif. Par exemple, la création d’une solution mutuellement valorisée comme les emplois. C’est tout à fait le résultat attendu de l’initiative ‘Un District, Une Usine’ au Ghana. Les moyens créatifs sont nécessaires pour stimuler la croissance économique, réduire les taux de chômage et relever les défis qui entravent le progrès humain.
Depuis mes premières années à Abidjan jusqu’à maintenant à Accra, j’ai toujours été fasciné par l'innovation démontrée par les marchands ambulants, qui consiste à trouver des solutions pour changer la situation actuelle. Aux intersections dans les villes africaines ou dans les embouteillages, les marchands ambulants profitent d’un public captif pour vendre de la nourriture, des vêtements, des œuvres d’art, etc. Tout en imaginant avec les marchands ambulants l'avenir du commerce ambulant, les décideurs politiques devraient travailler pour exploiter les compétences que possèdent ces derniers qui travaillent pour gagner leurs vies. Comment pouvons-nous favoriser l'emploi des marchands ambulants tout en reconstruisant nos villes pour être plus efficaces ? La société civile devrait faciliter ce dialogue pour créer des opportunités qui vont permettre aux marchands ambulants d’exploiter leurs compétences en marketing, ventes, distribution, et logistique ainsi que d'autres compétences qu'ils démontrent au quotidien dans les rues des villes africaines mais qui ne sont pas reconnues au-delà de la nature transactionnelle de leur travail. "La créativité est la nouvelle monnaie, nous ne devons pas la dévaluer pas davantage".
L'éducation est vitale pour développer l'innovation, surtout si elle est complétée par les soins de santé et l’épargne. La création d'une culture d’épargne durable est essentielle pour notre capacité à innover. Les services financiers numériques augmentent de plus en plus les possibilités de transactions et d'épargnes. Comment la société civile pourrait-elle favoriser une plus grande culture de l'épargne dans les communautés? Stokvels, un groupe d'épargne et d'investissement, compte 8,6 millions d'individus en Afrique du Sud répartis sur 421 000 unités représentant 25 milliards de Rand (2 milliards USD). La société civile peut jouer un rôle crucial, en traduisant cette connaissance en normes qui abordent le défi social. Cela va aider plus d'Africains à développer l'habitude d’épargner tôt. Démystifier la culture de l'épargne est une étape importante pour permettre aux individus, aux familles et aux communautés d'influencer leur avenir. L'un des moyens les plus significatifs pour une plus grande contribution à la société est la capacité d’acquérir de nouveaux types de connaissances et de s'appuyer sur des compétences de base. Ainsi, avec une santé plus forte, une épargne croissante et de meilleures compétences, la société civile pourra développer un argument en faveur de l'incubation auprès du secteur privé.
Les Africains doivent se départir d’une culture de dépenses au profit de celle de l’épargne. Les ressources structurées et documentées sont essentielles pour créer une incubation (processus visant à nourrir, protéger, aider les idées novatrices à survivre et se développer pendant les premières étapes de vulnérabilité et difficiles du développement), facteur permettant de transformer les vies avec les emplois dont nous avons besoin et de planifier pour ceux que nous n'avons pas encore.
La transformation sociale devrait se produire avec les ressources africaines, plutôt que la forte dépendance aux contributions étrangères. L'indépendance qui permet de contrôler ses propres ressources est transformationnelle. Mais plus de jeunes, comme c’est le cas en Afrique du Sud, comptent sur les crédits pour couvrir leurs besoins, ce qui cause une culture croissante de personnes vivant au-delà de leurs moyens. En tant que communauté, nous devons nous assurer que nous prenons les mesures nécessaires pour être prudents dans nos dépenses tout en mobilisant les ressources pour transformer l'Afrique que nous avons en Afrique que nous voulons.
Ainsi, notre capacité à innover et à incuber devient un mécanisme par lequel nous abordons les réalités sociales qui limitent la transformation sociale. Nous devons considérer le continuum de vie des gens, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles ils naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent, lorsque nous abordons les problèmes de santé, d'éducation et d'épargne. En veillant à ce que nous gardons la fin en tête, en augmentant les opportunités pour plus d'informations, nous devons considérer l'innovation et l'incubation comme le fondement du nouveau contrat social qui amène la société civile des rives de la transformation au cœur de celle-ci.
Alors que les Africains cherchent à créer l'Afrique que nous voulons, nous devons renforcer l'Afrique que nous avons. L'innovation est inhérente à la nature humaine. La principale différence entre le continent et les pays développés demeure la capacité de ces derniers à incuber localement et à projeter cette capacité au-delà de leurs frontières. La collaboration visant à changer la relation entre les secteurs public et privé permettra à la société civile de relever les défis sociaux, ce qui nous permettra d'embrasser les compétences des africains de tous horizons, tels que les marchands ambulants.
Nous devons voir au-delà de la nature transactionnelle de nos engagements quotidiens, extraire l'innovation unique qui leur est inhérente et les incuber pour construire l'Afrique que nous voulons.
Carl Manlan est le Directeur des Opérations pour la Fondation Ecobank, un Economiste, un membre affilié du Programme de la Fondation Mo Ibrahim, édition 2014 et un membre affilié des nouvelles Voix d'ASPEN, édition 2016. Il écrit cet éditorial pour WACSI à titre personnel.
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